Le four à Pain de Ruffieu
le four à pain "banal"
Four à Pain à Ruffieu
Le four à pain "banal" fait pleinement partie intégrante du patrimoine vernaculaire Bugiste.
Présents dans chaque village et dans presque chaque hameau, les fours à pain, construits en pierre et souvent coiffés de lauzes, constituent un élément caractéristique et majeur du patrimoine bugiste.
Ces fours témoignent d’une tradition communautaire remontant au Moyen-Age.
En effet, sous l’Ancien Régime et jusqu’à la Révolution, les paysans avaient pour obligation de cuire leur pain dans le four banal appartenant au seigneur.
On parle ainsi de four banal parce que le seignieur, au nom du droit de ban, percevait une redevance ou une taxe souvent en nature en contrepartie de laquelle il se devait d'entretenir le four et le chemin qui y conduisait.
Cette taxe seignieuriale était d'autant plus mal supportée que le paysan, pour sa consommation personnelle aurait pu cuire son pain dans le four installé dans la cheminée de sa propre masure.
Dans la pratique, le four banal était généralement affermé à des boulangers appelés fourniers qui retenaient pour la consommation du seigneur une partie des miches de pain cuites.
On cuisait pour la semaine, la quinzaine, parfois plus, de gros pains chargés de mie sous une grosse croûte afin d’assurer la plus longue conservation naturelle possible.
Il existe, dans le Bugey deux grands types de fours à pain (si on excepte les rares fours particuliers présents dans les fermes isolées).
Dans le Bas Bugey, le fournil, voûté en tuf, n’est pas fermé.
De plus, cette façade ouverte est fréquemment surmontée, comme pour les habitations, d’un escalier de dalles appelé pignon à redents ou à lauzes.
Par contre, en Haut-Bugey, sur le plateau d’Hauteville-Brénod, le fournil appelé "chapelle" est fermé, pour isoler le four du froid, donnant ainsi à l’édifice l’apparence d’une maisonnette sans fenêtre.
Le fournil abrite des banquettes en pierre ou de simples plateaux de bois utilisés pour le dépôt des panetons.
La voûte maçonnée du fournil empêche le contact des braises avec la charpente. La "gueule" du four est obstruée par une porte métallique montée sur une coulisse horizontale.
Les municipalités attachèrent toujours un grand intérêt aux fours.
Au XIXe siècle, elles établirent même des règlements pour prévenir des incendies et des contestations.
En effet, souvent, des "rixes sérieuses" survenaient entre utilisateurs.
Personne ne voulait chauffer le premier pour deux raisons : la trop grande quantité de bois à brûler et la difficulté à réaliser de bonnes premières fournées. Il était alors souvent exigé que chaque four n’aurait que deux ou trois fournées par jour.
Tous ceux voulant cuire étaient obligés d’aller s’inscrire la veille, soit sur un panneau de bois placé à l’intérieur du four, soit auprès du dépositaire de la clef du four, qui leur délivrait un numéro.
Quant aux incendies, ils étaient fréquents pour les habitations à proximité des fours car les toitures des fermes généralement en chaume ou en bardeaux étaient très inflammables.
Les municipalités prirent donc des mesures de sécurité. Le feu ne devait être allumé qu’après le jour et éteint avant la nuit; la braise et les cendres ne devaient être transportées que de jour dans des vases couverts.
Avec le développement des boulangeries et la diminution progressive du nombre d’agriculteurs au XXe siècle, l’utilisation des fours à pain se raréfia et aujourd’hui, ils ne servent plus que pour des fêtes de village organisées par les associations locales qui cuisent le pain mais aussi les traditionnelles "galettes au sucre" ou des tartes salées….
La fête des fours dans le Bugey : convivialité autour d'un four en pierre
Récemment mis à l’honneur dans le jeu télévisé la Carte aux Trésors, le four banal de Meyrieu est un modèle du genre en matière de patrimoine architectural bugiste. C'est sans doute le four banal le plus ancien de la région, voire de France.
Référence:
http://cheignieu-la-balme.over-blog.com/article-les-fours-a-pain-du-bugey-114821899.html